Overdose d’infos, quand l’info-en-continu vous parle du crack qu’elle deal
D’une lubie à l’autre, les chaines d’info-en-continue poursuivre leur spectacle permanent, quitte à se mordre la queue en se demandant s’il n’y aurait pas « trop d’infos ». La question n’est pourtant pas celle de la quantité mais de la qualité. Il y a saturation d’info-poubelle afin que les infos utiles à la compréhension du monde soient noyées dans le flot indigeste déversé par les BFM-C-NEWS-France-Info-et-j’en-passe.
D’une lubie à l’autre, l’info-en-continue continue
L’info-en-continu a ses lubies, dont elle rabâche les spectateurs quelques semaines, puis passe à autre chose. Il y quelque temps, les jeunes étaient « éco-anxieux ». Pas révoltés contre des entreprises qui, dès les années 70, avaient la pleine conscience de détruire la planète, et le faisaient sciemment afin que ses propriétaires ou actionnaires s’enrichissent. Pas furieux par des générations de consommateurs dont la seule boussole de la vie a été (et est encore) « après moi le déluge ».
Non, ni révoltés, ni furieux, juste « anxieux » disaient les médias en boucle. Et, quand ils ne se moquaient pas de cette curieuse inquiétude, ils avaient l’aire préoccupés pour l’anxiété des plus jeunes. Peut-être avec l’idée de leur fournir un anxiolytique pour que ça se passe bien. Car, que faire d’autre, n’est-ce-pas ? La maison brûle. Et plutôt qu’éteindre l’incendie (le capitalisme), il vaut mieux distribuer des anti-douleurs pour que la souffrance soit supportable. Les corps se calcinent, vite un antalgique ! Si ça se trouve on pourra même se faire un joli bénéfice sur les anesthésiants. Voilà ce que propose le capitalisme pour accompagner la mort de l’humanité à laquelle il nous mène.
Overdose d’infos, quand l’info-en-continu vous parle du crack qu’elle deal
Mais cette lubie journalistique de l’éco-anxiété est passée. Maintenant c’est la « sur-information » qui est à l’ordre du jour. Des chaînes d’infos-en-continue qui se penchent sur le problème du matraquage d’informations. Des dealers de crack qui s’inquiètent des effets addictifs du crack. Bien sûr, ce genre d’émission de remplissage ou de gavage posent les questions à leur manière. Il s’agit donc d’un constat : nous absorbons trop d’informations. Éventuellement, il sera question des effets de cette surdose : impossibilité de prendre la pleine mesure d’aucune information, fatigue, voire -de nouveau- « anxiété ». Et s’il y a une solution, elle serait à chercher parmi les spectateurs qui sont tous invités à réduire les doses. Le dealer de crack vous conseille de réduire la dose tout en faisant grésiller la galette.
Parler de quantité pour ne rien dire de la qualité
Mais a t-on déjà vue une information utile dans une chaîne d’info-en-continue ? Pour rappel, le régime démocratique (dans lequel nous sommes censé vivre) suppose des citoyens bien informés afin qu’ils puissent prendre les décisions politiques en fonction. Or, il n’est pas une seule « info » sur BFM-TV qui aidera jamais personne à prendre une décision. À la rigueur, elle laissera le téléspectateur pantois sur son canapé et l’incitera à commander une pizza. Voilà pour la démocratie, chez BFM.
Mais revenons au faux-débat (télévisé) sur la surdose d’info. Il y sera question de « trop d’info qui tue l’info », « d’info-anxiété ». Personne, absolument personne, ne viendra questionner la qualité de l’information. Les journalistes se défausseront de leur (ir)responsabilité sur la qualité en invoquant la quantité. Or c’est bien l’info-poubelle qui provoque de l’anxiété. Elle n’apporte qu’un spectacle (souvent avilissant) sans que le téléspectateur n’y puisse rien. En accélérant le rythme (le flux, la quantité donc), ils ne font qu’augmenter la pression sur l’impuissance du téléspectateur. Il ne s’agit même pas d’une injonction contradictoire. Il s’agit d’un constat de mort : le monde part à la catastrophe et vous n’y pouvez rien. Restez assis, on vous apporte les anxiolytiques. Le désastre sera retransmis en direct.
Publié sur Hiya! 16 novembre 2022
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