Petite enquête sur l’industrie du handicap en pays Languedoc - 1ère Partie
La jeune femme de 23 ans, Nedjma Ortiz, dont j’ai l’honneur
d’être le frère a reçu deux notifications officielles, indépendantes mais
concomitantes, l’une lui retirant son droit de vote, l’autre lui retirant sa
qualité de travailleuse handicapée (RQTH -Reconnaissance de Qualité de Travailleur Handicapé).
Chacune de ces décisions est absurde et révoltante mais la
bêtise et l’arbitraire sont néanmoins suffisamment fascinants (et répandus)
pour mériter une petite enquête sur les personnes qui se permettent ce type de
décision et les mécanismes qui les autorisent à les prendre.
Pour commencer, l’absurde et l’arbitraire ne font, dans ce
cas, aucun doute car Nedjma travaille dans les arts depuis l’âge de 16
ans et son médecin traitant estime qu’elle est parfaitement en capacité de voter.
Commençons par la RQTH. Cette décision provient de la “commission des droits et l’autonomie des personnes handicapées” (CDAPH) présidé par un certain Bernard Foulon.
Commençons par la RQTH. Cette décision provient de la “commission des droits et l’autonomie des personnes handicapées” (CDAPH) présidé par un certain Bernard Foulon.
Décision de retirer la RQTH |
Sur cette notification, il est bien dit que le dossier est suivi par un certain Joël Stephan. Mais, contacté par téléphone, il ne
s’estime en rien responsable de la décision. Il faut donc en conclure que la
notion de responsabilité est élastique, elle convient quand il s’agit d’accoler
son nom à une tâche rétribuée, mais plus du tout s’il s’agit de répondre de ses
actes. Je lui ai par ailleurs envoyé quelques questions par mail, qu'il a renvoyé à sa direction qui l'a renvoyé ... à la directrice de la communication de l'Hérault.
Il est étonnant que la Dir Com’ du Département intervienne pour préciser la composition d’une commission, dont les noms devraient être publics (ils sont par exemple publiés sur le site de la Gironde).
Mais quand j’entend le mot Com’, je comprends censure. Qu’ont-ils donc à cacher ?
Alors d'abord il y a un texte de loi qui définit un peu les attributions de cette fameuse commission et qui en précise certaines modalités :
"Les décisions de la commission sont, dans tous les cas, motivées et font l'objet d'une révision périodique. La périodicité de cette révision et ses modalités, notamment au regard du caractère réversible ou non du handicap, sont fixées par décret."
Mais revenons à la motivation de la commission. En fait son absence n'est pas si étonnante car il y a fort à parier que la commission ait à peine entraperçue Nedjma (si elle l’a seulement vue). Il semblerait qu’elle se soit fondée sur l’avis d’une experte qui n’a rien à voir avec cette commission et dont l’avis n’aurait pas dû être lu par cette commission. On comprend dès lors mieux pourquoi elle ait préféré ne pas s’étendre sur ses “motivations” (enfreignant ainsi le texte de loi).
Il est étonnant que la Dir Com’ du Département intervienne pour préciser la composition d’une commission, dont les noms devraient être publics (ils sont par exemple publiés sur le site de la Gironde).
Mais quand j’entend le mot Com’, je comprends censure. Qu’ont-ils donc à cacher ?
Alors d'abord il y a un texte de loi qui définit un peu les attributions de cette fameuse commission et qui en précise certaines modalités :
"Les décisions de la commission sont, dans tous les cas, motivées et font l'objet d'une révision périodique. La périodicité de cette révision et ses modalités, notamment au regard du caractère réversible ou non du handicap, sont fixées par décret."
A moins de considérer "la situation actuelle au regard de votre handicap" comme une motivation, on est bien en peine de trouver sur la notification qu'est-ce qui les a motivé à considérer une personne trisomique travaillant déjà comme n'étant pas une travailleuse handicapée.
(Par ailleurs, le législateur en imposant une “révision
périodique” entend
évaluer le “caractère réversible ou non du handicap”. Très bien mais, dans le cas de la trisomie, cela
n’a strictement aucun sens, puisqu’il ne s’agit pas d’une maladie, il n’y a
donc pas de “réversibilité”
à prévoir ou même à souhaiter. Cela n’a pour effet que d’obliger les
personnes trisomiques à se présenter périodiquement devant des commissions,
c’est-à-dire de stresser tout le monde inutilement.)
Mais revenons à la motivation de la commission. En fait son absence n'est pas si étonnante car il y a fort à parier que la commission ait à peine entraperçue Nedjma (si elle l’a seulement vue). Il semblerait qu’elle se soit fondée sur l’avis d’une experte qui n’a rien à voir avec cette commission et dont l’avis n’aurait pas dû être lu par cette commission. On comprend dès lors mieux pourquoi elle ait préféré ne pas s’étendre sur ses “motivations” (enfreignant ainsi le texte de loi).
Mais
quelle est donc cette mystérieuse expertise qui n’aurait pas dû être lue et
probablement pas dû être réalisée ?
Il se trouve que Nedjma s’est aussi inscrite à Pôle Emploi, estimant qu’elle trouverait là du
travail qui s’ajouterait aux contrats qu’elle parvient à obtenir chaque année. Mais
l’agence l’a renvoyé vers une structure qui lui est dépendante et dédiée spécifiquement aux
personnes handicapée : Cap Emploi. A Montpellier, cette structure est
hébergée par une association : l’ASPH34. Lors de son entretien à Cap
Emploi, Nedjma a été incité à rencontrer une psychologue présente ce jour
là. Céline Sabbadini c’est son nom, et c’est une personne sensible, qui aime
les couchers de soleil au bord de mer et les paysages sylvestres.
Site professionnel de Mme Sabbadini |
En revanche, pour la connaissance des personnes handicapées en général, et trisomiques en particulier, on repassera. Madame Sabbadini est plus habituée à voir des policiers municipaux pour leurs délivrer des droits de port d’arme et des chauffards qui veulent récupérer leurs permis de conduire. Considérer que des personnes trisomiques puissent relever de la même problématique que la police municipale est leur faire injure. Du moins, ma sœur n’a jamais eu l'intention de faire carrière dans la police et préfère les patins à roulette que la bagnole.
Faits d'arme de Mme Sabbadini |
Mme Sabbadini, psychologue dont les goûts artistiques sont directement
inspirés de la salle d’attente de son dentiste, se met donc à juger des
aptitudes de Nedjma. Elle commence par réduire son curriculum à un détail
incongru, de sorte qu’en faire disparaître les trois quarts –qui plus est la
partie la plus récente- n’a guère d’importance. Après tout, ma sœur n'est venue que chercher du travail, donc le CV qu'est ce que ça peut bien faire ?
Ce qui reste du CV de Nedjma dans le dossier d'évaluation (dans le cadre d'une recherche d'emploi...) |
Puis, elle lui fait passer un test, rien moins que “la batterie d’aptitude NV-7”, James Bond n’a qu’à bien se tenir. Le résultat ? Au milieu de commentaires qui frisent l’insulte et ne démontre que son incompétence, Mme Sabbadini semble tout de même avoir un instant de lucidité remarquant que Nedjma “a manqué d’intérêt à la réalisation des tests”. Peut-être vexée par ce manque d'intérêt, Mme Sabbadini a globalement conclu que Nedjma est à peu près inapte à tout, sauf… à suivre une orientation de “Remobilisation”, une “prestation” offerte par… Mme Sabbadini.
Les préconisations de Mme Sabbadini bénéficiant à Mme Sabbadini |
Il
serait donc très injuste d’affirmer que, du fait des entraves qu'elle place
dans le développement professionnel des personnes qui la consultent, Mme Sabbadini favoriserait
le chômage en France. Car, s’il est vrai qu’elle les empêche de bosser, elle
gagne en revanche quelques clients. Et s’il est certain que Nedjma ne rencontrera jamais
trop de difficultés pour trouver des emplois qui l’intéressent, il ne fait aucun
doute qu’une psychologue comme Céline Sabbadini serait un vrai fardeau
pour la société si elle venait à manquer de clients. En somme, Madame œuvre au bien commun en inventant des
nécessités d’orientation professionnelle dirigée par elle et à mille lieux des
aspirations et compétences des personnes qui la consultent.
On ne saurait cependant trop lui conseiller de rester avec ses
flics, qu’elle les invite à humer ses fleurs en carton-pâte et admirer ses
belles affiches de verdure tropicale dans son merveilleux cabinet.
Cabinet de Mme Sabbadini |
Pour résumer, la CDAPH qui dépend de la "Maison des personnes handicapées de l'Hérault" (MPHH) en lien avec Cap Emploi hébergé par l'association ASPH34 ont réussi l'exploit, tous ensemble, d'entraver sérieusement le travail de ma sœur. Il faut dire, ils étaient en nombre et plein de sigles, elle n'était pas en mesure de se défendre toute seule et les envoyer tous se faire REMOBILISER. On retiendra pour l'instant que tous ces gens ont été payé pour leur exploit.
L'enquête ne fait que commencer...
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