La souveraineté énergétique à l’assaut du monde

 

Au « Mondial de l’auto », Macron annonçait un passage au tout électrique comme garantie de la souveraineté énergétique du pays. Petit problème: autant le nucléaire que les piles demandent des ressources dont ne dispose pas la France (à moins qu’elle ne soit impériale).

Il y a quelques semaines, Macron expliquait aux pays du Sud ce que doit être l’anti-impérialisme. Pour ceux et celles qui connaîtraient pas, Emmanuel Macron est l’archétype du bon gars. Toujours prêt à donner son avis et de bons conseils à tout le monde, même quand personne ne lui a rien demandé. Bref, un chic type.

Et, de bonnes idées, il en a des tonnes. Si bien que cette semaine aussi, il est venu avec une super idée au « Mondial de l’auto « . Cette fois, il a parlé de la souveraineté de la France qui s’obtiendra en « sécurisant » la filière électrique. L’idée étant de faire passer l’intégralité du parc automobile français à l’énergie électrique à moyenne échéance (une quinzaine d’années). Il faut donc produire de l’électricité et faire fonctionner les bagnoles avec.

Un nucléaire 0% français: une souveraineté garantie

Et là, bonne nouvelle, la propagande française l’assure depuis des dizaines années : le nucléaire « 100% français » permet l’indépendance du pays… Alors, comment dire? D’abord, la technologie n’est pas française mais essentiellement états-unienne, il s’agit de centrales Westinghouse (54 des 58 centrale nucléaires « françaises » sont sous sa licence). Pour l’indépendance technologique, on repassera.

 

Ensuite, il se trouve que ces centrales ont besoin d’une matière première: l’uranium. Et là, grosse surprise, il n’y a pratiquement pas d’uranium sur le territoire français (et la dernière mine a fermé en 2001). C’est ballot. Et, re-grosse surprise: il y a pas mal d’uranium sur le continent africain, et plus précisément dans les zones où il a systématiquement des guerres, dès que le pays souhaite sortir du giron Françafricain… Pure coïncidence, bien sûr. Il s’agit du genre de coïncidences qui, dans la bouche d’Emmanuel Macron, sont désignées sous le beau vocable de « sécuriser » la filière énergétique.

A l’assaut du lithium

Bien, on est donc rassuré par la souveraineté du nucléaire (dépendante de technologies yankee et de matières premières africaines). Maintenant qu’on a notre électricité, il convient de la mettre dans les voitures. Les piles, donc.

Et ces piles ont besoin de terres rares et, surtout, de lithium. Manque de bol, il n’y en a pas sur le territoire français. C’est ballot (bis).

Pas de problème, nous dit Macron, on va aussi « sécuriser » la filière. Où ? En Amérique du Sud essentiellement. L’une des principales réserves de lithium se trouve à la frontière entre le Chili, la Bolivie et l’Argentine; si demain il y a un conflit armé entre ces pays, ce sera bien sûr une coïncidence. Absolument rien à voir avec l’impérialisme, puisqu’on vous dit qu’il ne s’agit que de « sécuriser » la souveraineté énergétique.

Et, en plus, c’est de l’énergie propre, comme peuvent le constater les habitants des sites mitoyens aux mines qui absorbent absolument toute l’eau disponible de la région. Après tout, une pile qui fait de Paris une ville plus verte vaut bien quelques sacrifices en Argentine. Pourquoi les habitants (du Chili, de Bolivie et d’Argentine) exigent que l’eau soit préservé et leur soit prioritairement destiné? Ils n’ont qu’à boire autre chose. 

Donc, si on suit bien, l’anti-impérialisme de Macron consiste à « sécuriser » des acheminement de matières premières qui se trouvent dans d’autres pays. Au nom d’une souveraineté de la France qui n’existe pas. A la fois colonisé et impériale, la France peut décidément tout faire, en même temps.  


Paru le 19 octobre 2022 sur Hiya!

 

 

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