Flinguer la communication, un job pour le chef d’état
Bien que Macron et son monde se targuent d’être de subtils communicants, capables de dire tout et son contraire en paraissant cohérents, ils accumulent les bévues dans ce domaine. Si bien que le chef d’état a tout simplement flingué la communication du pays.
Ce qui surprend encore chez Macron et consort, ce n’est certainement pas qu’ils « communiquent », ils se targuent tous d’être des communicants hors pairs, c’est-à-dire des menteurs patentés. Non, ce qui surprend c’est qu’ils soient si mauvais dans ce domaine.
Flinguer la communication, un job pour le chef d’état, quand le communicant en chef casse les outils communicationnels
Dans un discours adressé aux diplomates français le 1er septembre, Macron les a enjoint à utiliser France 24 et RFI dans la guerre des récits, que l’Occident mène à la Russie, la Chine et la Turquie.
Qu’un
gouvernement veuille imposer son récit face aux autres, il n’y a là
rien de scandaleux. Éthiquement problématique pour les journalistes
certes, mais c’est dans l’ordre des choses. Chacun est dans son rôle, le
gouvernement veut imposer son récit face à celui d’autres pays. Au
journalisme de faire son travail et distinguer ce qui relève de
l’enfumage. Mais quand un chef d’État annonce que les chaînes
d’information du pays doivent être ses outils de propagande, c’est à la
fois sincère et idiot. En quelques mots, Macron a détruit la crédibilité
des armes informationnels de la France.

Des « démocraties » qui ne tiennent pas la route
Plus fondamentalement, dans la guerre des récits, les « démocraties » ont tort de se présenter comme telles. Dire « nous sommes le camp des démocraties » est une dangereuse ineptie qui ne peut mener qu’à des déconvenues. En effet, la Démocratie exige un certain nombre de libertés qu’aucun gouvernement qui s’en réclame n’assure. C’est particulièrement évident, à nouveau, sur la question de l’information. La Démocratie postule que les populations ont le droit à un accès sans restriction à l’information, c’est-à-dire à des faits documentés. Or, tous ces gouvernements non seulement restreignent l’accès à ces documents, ils criminalisent qui les diffusent. En clair, si vous vous réclamez de la Démocratie, avoir Julian Assange sous les verrous et Snowden réfugié en Russie, vous rend, immédiatement et irrémédiablement, inaudible. Ça ne tient pas la route.
L’hypocrisie des « démocrates » fait le jeu des autocrates
À la rigueur, il y a infiniment plus de cohérence chez un fieffé menteur tel que George Bush Jr. qu’un tordu comme Macron. En effet, Bush ne disait pas « nous sommes les démocraties » mais « nous sommes le Bien ». Dès lors, il n’y avait aucune incohérence à torturer, manipuler et mentir, au nom du Bien.
Le problème de la communication est qu’elle nécessite d’un minimum de cohérence d’ensemble pour qu’elle fonctionne. Si vous dite que vous êtes démocrate – favorable à un régime où la circulation d’informations est libre- et, dans le même temps, enfermez Julian Assange pour faire circuler des informations, alors vous apparaissez comme un simple hypocrite. Vous pourrez toujours dire qu’il y a plus ou un peu plus de libertés chez vous que chez votre ennemi, vous avez rompu le socle sur lequel repose l’ensemble de votre communication.
Dès lors, l’autre – l’ennemi, puisque nous en sommes là- n’aura qu’à pointer vos incohérences et déployer sa communication en affirmant, à défaut de liberté, une sincérité. « Nous sommes autoritaires, et l’autoritarisme fonctionne » et ne raconte pas des contes à dormir debout. Il n’est pas question d’adhérer à ce second discours mais de comprendre pourquoi il fonctionne. Et il fonctionne du fait de l’inconsistance du discours qui dit le combattre.
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