Macron et Petro à l’ONU. L’hypocrisie mise à nue dans l’hémicycle
Dans un merveilleux discours, le président colombien a mis à nue toute l’hypocrisie des pays du Nord, dont Macron est la parfaite incarnation. Pays riches qui parlent sans cesse « d’écologie » mais mènent une « guerre à la drogue ». Or, celle-ci se traduit par la destruction de l’Amazonie, poumon de la planète et lieu de vie d’êtres humains qui, des siècles durant, ont su vivre en symbiose avec la faune et la flore. Tout ce que ne sait pas faire le Nord.
Macron et Petro se sont soumis au rituel des discours fleuves devant l’Assemblée générale de l’ONU. En parfaite antithèse, l’un a déployé sa morgue de pays dominant qui voudrait parler au nom de tous, l’autre a dressé le constat de catastrophe absolue des politiques menées par le Nord.
Macron ou l’hypocrisie soporifique du Nord
Nous, insomniaques, le savons bien: rien de tel qu’un discours de chef d’État à l’Assemblée de l’ONU pour trouver le sommeil. Et, cette année encore, les insomniaques remercions Emmanuel Macron pour sa performance, parvenant à endormir même les plus caféinés d’entre nous en quelques minutes. Merci monsieur Macron pour ce somnifère naturel, avec vous l’industrie pharmaceutique des narcotiques menace la faillite.
Macron est tout de même parvenu, entre deux phrases ronflantes, à faire la leçon aux pays du Sud, aux non-alignés. Il a lui-même définit quelle devrait être la position des pays pauvres et ce que devrait être l’anti-impérialisme. Dommage qu’il n’ait pas revêtu un bermuda beige et un casque colonial pour ce discours de petit colon satisfait. Petit problème: ces pays ne sont plus colonisés. Et, s’il faut encore s’en convaincre, il suffit d’écouter le président colombien à la même Assemblée de l’ONU.
Petro met à nue l’hypocrisie du Nord
Soporifique, le nouveau président colombien ne l’était assurément pas. En une vingtaine de minutes, Gustavo Petro a résumé toute l’hypocrisie des pays riches. Et il a mené le meilleur réquisitoire contre la dite « guerre à la drogue » jamais entendu dans une instance officielle. Merveilleux discours du président de l’un des « plus beau pays du monde ». (A t-on idée de la beauté de ce pays bordé par l’océan Pacifique et les Caraïbes? Ses montagnes époustouflantes dans la Cordillère des Andes. Et sa jungle foisonnante dans la forêt amazonienne. Sans même parler de ses peuples accueillants à l’humour aussi subtil que corrosif, maniant la langue espagnole probablement la plus poétique de tout l’univers hispano-parlant).
Nous vous servons d’excuse au vide et à la solitude de votre propre société qui mène à vivre dans des bulles de drogue. Nous vous servons à cacher vos problèmes que vous refusez de résoudre. Vous préférez déclarer la guerre à la forêt, à ses plantes et à ses peuples (que de vous réformer)
Gustavo Petro à l’Assemblée générale de l’ONU
Ça non, Petro ne nous a pas laissé dormir. Et il ne devrait pas laisser dormir les consciences durant longtemps encore, tant résonne chacune de ses phrases. Les effets de la soi-disant « guerre à la drogue » ne furent probablement jamais aussi bien décrits, dans leur absurdité mortifère. Destruction de l’Amazonie et nombre d’autres régions latino-américaine, dans cette prétendue lutte qui n’a fait que renforcer et accentuer la consommation de stupéfiants. Car, les consommateurs l’oublient souvent, sous l’impulsion des États-Unis l’épandage de venins (entre autres, le glyphosate) provoquent des catastrophes agricoles sans nom. La politique états-unienne détruit toute vie dans la région, qu’elle soit végétale, animale ou humaine. Je vous épargne les photos d’enfants nés avec des malformations effroyables du fait des agro-toxiques.
La « guerre à la drogue », un moyen de rétablir l’esclavage
Tout cela au nom d’une « guerre » dont le seul effet, dans les pays du Nord, est de rétablir l’esclavage des Afro-étatsuniens : aux États-Unis, la population carcérale est essentiellement noire. Or, cet emprisonnement massif est « justifié » par le commerce de drogues. Et, une fois à l’intérieur des prisons, cette population n’a d’autre choix que de travailler pour des salaires de misère au plus grand profit de grandes entreprises. C’est du travail forcé déguisé. Et une fois condamnée, une personne n’a que très peu de chance de revenir dans une économie légale, elle est donc condamnée toute sa vie à alterner le commerce de drogue et le travail en prison.
La guerre à la drogue a duré 40 ans. Si nous ne changeons pas de direction et que celle-ci se prolonge encore 40 ans, les États-Unis verront mourir 2 800 000 jeunes d’overdose par Fentanyl (puissant anti-douleur opiacé produit par des laboratoires) qui ne se produit pas en Amérique latine. Il y aura des millions d’Afro nord-américains qui seront emprisonnés dans des prisons privées. L’Afro prisonnier deviendra le business d’entreprises carcérales.
Gustavo Petro à l’Assemblée générale de l’ONU
Impérialiste à l’extérieur, répressif à l’intérieur
La « guerre à la drogue » concentre à elle seule toute l’hypocrisie et la violence des pays du Nord, à la fois l’écrasement des pays du Sud, leur exploitation jusqu’à la moelle, et l’organisation d’un système ségrégationniste (à travers l’argument « drogue ») de leurs pays. Impérialiste à l’extérieur, répressif à l’intérieur.
On s’attend à ce que les pages de Le Monde, le Figaro et consorts, s’ouvrent à un grand débat sur la drogue, ses consommations et les effets de son illégalité. Ces pages commenteraient sans fin le discours de Petro puisque enfin quelque chose a été dit. Enfin, un politique dit quelque chose qui vaut la peine de s’y attarder.
Les guerres (en Irak, en Afghanistan, en Ukraine) vous ont servi d’excuse pour ne pas agir contre la crise climatique.
Gustavo Petro, discours à l’Assemblée générale de l’ONU
La presse canaille, un impérialisme satisfait de sa bêtise
Curieusement, dans les pages du Monde, il n’y a pas la moindre référence au discours du président colombien. Sûrement un oubli du « journal de référence » (référence de qui, à quoi, pour qui ? Il serait mieux de dire le « journal de l’entre-soi ou de l’auto-référence ». Se regarder le nombril est une activité tellement moins dangereuse qu’écouter les autres). Dans la « presse canaille » (comme on l’appelait autrefois), le profond message du président colombien devient « un plaidoyer pour la cocaïne ». Les chiens de garde en charge de la titraille de L’Obs méritent un peu plus que du mépris. Un crachat sur leurs visages d’impérialistes satisfaits du monde tel qu’il est, voilà qui leur rendrait un peu de la bave qu’ils répandent quotidiennement.
Pour une traduction du discours c’est ici
Publié sur Hiya! le 28 septembre 2022
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