De la difficulté pour les riches de rencontrer un fondé de pouvoir

Sublimotion, restaurant aussi cher que de mauvais goût



 
Le triomphe des très riches, sans partage et au niveau planétaire, suscite des contradictions techniques pratiquement insolubles. En particulier, la petite caste propriétaire du monde rencontre toujours plus de difficulté à trouver un personnel politique idoine pour renforcer ou consolider son emprise. Les candidats ne manquent certes pas, mais ils posent de nombreux problèmes qui apparaissent dans les journaux, en général sous les termes de “corruption” et de “conflit d’intérêts”. A force, il est possible que tout un chacun s’habitue à l’indécence des gouvernants et que le spectacle des scandales ne provoque rien d’autre qu’une apathie généralisée qui convient parfaitement aux puissants. Mais il est aussi toujours possible que les scandales érodent les pouvoirs et/ou allume la mèche de la contestation massive. Il serait donc souhaitable pour les plus riches de trouver des fondés de pouvoir décents et bien élevés (qui cessent de mettre les doigts dans le pot de confiture). Or cela est impossible car ce personnel a bien conscience des services qu’il rend dans le pillage généralisé et réclame en retour, légitimement, sa part. Un chef de gouvernement, se sachant ou se considérant bien plus utile à l’accumulation des richesses qu’un PDG de grande entreprise, ne peut pas accepter indéfiniment d’être payé dix ou cent fois moins que ce dernier. Le “politique” réclame son rond de serviette à la table du Sublimotion (un restaurant d’Ibiza au goût douteux mais au menu à 2000 euros). 
 



Plusieurs solutions se présentent à ce problème de Ressources Humaines. Nous les connaissons : le système de la porte tournante – appelé “pantouflage” en France- qui consiste à bien rémunérer son employé avant et après sa mission dans le service publique, les miles petits avantages offerts aux hauts-fonctionnaires et gouvernants, les accumulations de traites (qui font toujours pâle figure à côté des bonus de PDG) et la corruption pure et simple. Il se peut aussi qu’un des fils de très riches ait la lubie d’occuper la place (Trump aux Etats-Unis et Macri en Argentine offrent des exemples de cette mode chez les très riches). Plusieurs solutions donc, mais aucune très satisfaisante : le pillage des bien communs ne parvient pas à se cacher, il tend même à s’exhiber avec la désinhibition qui accompagne immanquablement le triomphe. Or il n’est pas certain que le vieil adage des riches, “pour vivre heureux, vivons cachés”, ne reste pas un prérequis pour la perpétuation du régime inique dans lequel nous vivons. Et il est bien possible que les opérations de replâtrage –dites “mains propres”- sensées restaurer les systèmes d’exploitation de pays aussi différents que le Brésil, la Corée du Sud, la Chine ou des parties d’Europe, finissent seulement par exaspérer les esclaves (cela est encore appelé “travailleur” mais entre le salaire en baisse et l’augmentation du loyer, je ne suis pas certain que le terme soit encore adapté). Du moins, souhaitons-le.

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