H. sans suite
1.
A la
génération de son père on mourrait à trente ans. H. a précisément trente ans et
n’est pas spécialement attiré par la mort ou du moins a t-il admis la vie en
refusant le suicide. Du coup, il se demande que faire avec cette vie. La
question n’en reste pas là et il se demande qu’est sa vie. Étant rationnel, H.
considère que sa vie est l’ensemble de ce qu’il a fait et ferra. Pour être sûr
de ne rien oublier il fait des listes de ce qu’il a déjà fait. Selon les jours
il y inclut des actes gratuits, des lieux, des études, des travailles, des
amours de passage, des grands amours, des amis oubliés, des amis de toujours,
les pays qu’il a visité, les villes où il est resté. Mais il n’est jamais
satisfait de ses listes et elles changent à chaque nouvelle rédaction.
Ainsi selon
le jour la liste commence par son séjour au Maroc ou sa vie commune avec
Emmanuelle. Trois années, six mois de symbiose, trente de séparation.
Ou bien il
souligne une action courte comme un geste. Un doigt tendu lors d’un
embouteillage par exemple. Ce doigt lui valut un passage aux urgences et deux
jours de convalescence. Un chauffeur, considérant que l’offense devait être
réparé, était sorti de sa voiture et avait aussi sorti H. de la sienne par la
fenêtre avant, avant de l’en faire réintégrer par le pare-brise brisé à l’aide
du front de H.. L'épisode le marqua
fortement. Physiquement il ne garda que
de minimes cicatrices, mais ce jour là le monde notifia à H. qu'il était
régit par l'absurde. Non pas que la disproportion entre son majeur levé vers le
ciel et les douze points de suture de son crâne lui parusse énorme. Mais
l’insulte était destinée au gringalet sur le scooter filant à toute allure
devant son pare- choc, aussi la surprise fut aussi immense que le fier
syndicaliste qui le souleva d’un seul bras de travailleur.
Souvent il
place des dates devant chaque fait. Il a alors l’impression d’avoir trente ans.
Une certitude qui s’estompe une fois que la liste rejoint les autres dans leur
tiroir, ce tiroir remplis de listes similaires.
Pour plus de
cohérence, il avait enrichi le système en faisant de certains moments des
moments cruciaux. Il avait d’abord longuement réfléchi à la
« cohérence » de ce nouvel apport, car enfin était-il certain de
vivre des moments plus important que d’autres? Le présupposé d’une hiérarchie
entre les instants de sa vie le gênait. Mais il avait fini par admettre que
sucer son pouce à trois ans portait moins à conséquence à long terme que fumer
trois paquets de cigarette par jour à vingt cinq. Aussi sa première bouffée de
tabac à douze ans était-elle soulignée, alors que son pouce humidifié jusqu’à
neuf fut délaissé. Avant d’en arriver là, il essaya tout de même de relier son
pouce au goût des tétons de Maud (les premiers tétons non maternelles qu’il
suça) mais il conclut qu’il y avait là deux plaisirs distincts. Le pouce resta
un fait annexe, la cigarette primordiale, et les tétons se relièrent aux femmes.
Résultat, il
construit de grands schémas où de tel fait découlent nombre de conséquences
inscrites en plus petit caractères jusqu’ à tel autre point important et
charnière. Depuis lequel s’enchaîne une nouvelle série de conséquences. Et
ainsi de suite.
Aujourd’hui
H. déjeunera avec son père. Il tâche de voir chaque semaine un de ses deux
parents. Chacun lui apportant de temps à autre, et après un long labeur
d’approche souvent infructueux, des éléments susceptibles de s’intégrer à une
liste.
Il avait
ainsi pu inclure deux manifestations d’extrême-gauche prénatales comme éléments
fondamentaux de sa vie. L’un et l’autre avaient touché directement sa mère et
les forces de l’ordre. Dans la première elle fut hospitalisée à la suite de la
charge policière et, de ce fait, elle oublia de prendre les pilules
contraceptives restées chez elle. Durant la seconde elle fut, de même que le
fœtus en elle, tabassée par des CRS s’ingéniant à pratiquer l’IVG non
volontaire. De ces histoires, H. conclut qu’il détestait la police et offrit
toujours un regard méprisant, moqueur ou provocateur à ses agents. Ce qui lui
valut d’être plusieurs fois roué de coups, le confortant dans son idée
première. Il déteste les flics viscéralement, en deux sens propres : les
viscères de sa mère où il reçu les premiers matraquages et les siennes qui
reçurent les suivantes, et dans un sens figuré évident. Ainsi, dans une de ses
nombreuses listes chronologiques, il relia les épisodes prénataux avec deux
autre rencontres, vingt ans plus tard avec les forces de l’ordre. De là il
traça une flèche qui aboutit à cette annotation : « Haine des
flics ». La semaine suivant l’élaboration de ce schéma il fut à nouveau
arrêté et passé à tabac.
La méthode de
H. ne manque pas de logique.
Mais il se
rendit compte plus tard que sans l’intervention musclée des CRS sa mère eût
probablement avalé une pilule qui eût rendu toute question hors de propos.
Aussi fît il un autre schéma reliant la première manifestation à sa naissance.
Il n’osa pas ajouter un commentaire agréable sur le compte de la police. Mais,
dés lors, il sourit comme à géniteur providentiel tout agent croisé dans la
rue, et il ne fut plus jamais ennuyé par les hommes en uniformes.
Malgré son
indéniable logique, la méthode de H. comporte certains inconvénients.
Avant de
retrouver son père, il doit aller travailler. Son travail consiste à s’asseoir
sur une chaise dans une grande salle et attendre en faisant le moins de bruit
possible. Il est gardien de musée. Il obtint ce poste durant ses études, et lorsqu’il
finit ses études il garda son travail. Il estimait que c’était le travail le
moins producteur qu’il était capable d’avoir. Ce dont il tire une fierté bien à
lui. Son côté rebelle dirons nous, bien que ce mot « rebelle » lui
hérisserait le poil mais ceci est dû au fait que le mot est aujourd’hui associé
à des eaux de Cologne et des motos dont le prix affiche l’adhésion absolue aux
valeurs dominantes de la société. Soyons juste : aussi bien
« rebelle » que « valeurs dominantes » et même « société »
sont des mots absents du lexique et des pensées de H. Soyons juste et restons
en au fait : il est fier de moins produire que la moyenne grâce à son labeur
particulier.
Il avait bien
essayé de s’inscrire au RMI, mais il avait dû renoncer par ennui et solitude.
Il considérait ce renoncement comme un grand échec. Les premiers mois, la
maigre pension de l’Etat avait été mise à profit dans une imagination
débordante et jamais entravée par des heures de travail ou la fatigue en
découlant. Mais il s’était peu à peu usé et les journées étaient passées,
enfermé, sans rien faire. Il en avait conclut qu’il manquait de caractère,
avait lutté quelque temps et puis s’était résolu à retrouver sa place au musée.
Son père lui
suggère à nouveau de s’intéresser à la politique, lui donne des adresses et des
noms qu’il lui a déjà donnés. Le père de H. craint l’apathie de H. Persuadé que
son fils se suiciderait, il a décidé de lutter contre cette fatalité. Et il l’a
inscrit dans soixante sept associations, deux partis politiques et l’a même
obligé à participer à un centre culturel alternatif. A chaque fois il l’emmène
aux locaux des associations, des partis, le présente et fait en sorte
d’éveiller chez les personnes présentes l’intérêt pour H. Ce qui surprend grandement H., étant lui même
loin d’être convaincu d’un quelconque intérêt. Mais il ne retourne jamais dans
ces lieux. Le père de H. avait même réussi à lui trouver une « petite
copine ». Mais H. se formalisa de ce que la jeune fille ait, auparavant,
couché avec son père et ne voulut plus la revoir.
Aujourd’hui
H. apprécie les efforts de son père pour être joyeux mais trouve qu’il parle
trop et, dés le milieu du repas, se languit de retourner au musée. Il se
sentait bien au musée, dans les grandes salles feutrées aux températures
artificielles.
Il aime,
malgré une honte profonde, avoir une fonction. Ne pas être là pour rien le
rassure. Il est là pour de l’argent, pour renseigner, pour rendre de menus
services, autant de raisons clairement identifiables. Il comprend qu’il s’insère
ainsi dans des rapports définis au préalable, n’ayant rien à voir avec sa
personnalité ni avec celles des personnes avec qui il entre en contact. Et par
conséquent ne pouvant générer que des rapports superficiels, tronqués de
l’essentiel. Ceci est dégradant mais lui plaît. Entendons nous bien, ce n’est
pas la dégradation qu’il aime. Simplement il la supporte en échange du plaisir
et la sécurité que lui apportent la fonction et le salaire.
Étant donné
qu’il accepte une fonction, il pourrait trouver un autre travail, une fonction
plus prestigieuse. La directrice du personnel, attirée par les études ornant le
curriculum de H., le convoqua et se convainquit, en un seul entretient, qu’il
n’existe aucun autre poste qui puisse lui convenir. Fine psychologue, elle a
sûrement raison. Il s’agit d’une concession, il est arrivé à un compromis avec
le travail. Il vient, reste assis, déambule et rentre chez lui. Un autre poste
ne le satisferait pas. Les mots « passionnant », « utile »,
« promotion », « intérêt artistique », « intérêt
historique » lancés par la directrice tombèrent à plat sur la volonté de
granit de ne pas faire plus. Aussi H. est-il assis sur une chaise confortable
dans une salle du musée.
Lecteur, lectrice,
laissons H. dans son musée. De toute évidence, il n’a rien à apporter et il n’a
déjà que trop ennuyé son narrateur. Certes, il n’est pas antipathique, mais il
n’a aucune ambition, peu de chances de devenir un aventurier, pas d’amis qui
puissent égayer son histoire, juste un passé qu’il retrouvera bien tout seul,
et sa mère à aller voir la semaine suivante. Laissons-le là, avec son passé et
sa mère.
2.
Chères
lectrices, chers lecteurs, des protestations de toutes parts sont apparus contre
la disparition subite de H. Elles ne seraient, bien entendu, pas prises en compte
si l’une d’elle n’émanât de l’éditeur de H. Il sut être convaincant. Nous
protestons énergiquement contre ces moyens de pression indignes de la création
artistique en France et retrouvons H. chez sa mère. Auparavant, nous déclinons
toute responsabilité si un avion venait à percuter le musée où H. gagne sa vie.
Dans cet
appartement cossu du dix- septième étage, H. n’est jamais tout à fait à l’aise.
Il lui faut souvent se rappeler, et parfois se convaincre, que la femme qui le
reçoit est bien sa mère pour retrouver une familiarité avec le lieu.
Ce jour-là,
il ne veut pas perdre de temps. Aussi élabora t-il, durant le trajet, des
questions précises qui devraient lui apporter des éléments essentiels à ses
listes. Mais il oublia tout dès son arrivé dans l’appartement. Et il reste,
atone, à écouter le haut débit de paroles sortant de la bouche de cette femme
dont il a encore oublié le rôle procréateur.
Il a remarqué
trois contradictions flagrantes durant le premier quart d’heure de monologue. Il
a aussi compté le nombre de fois que le verbe « faire » est sorti de
la bouche maternelle : dix sept en moins de trente cinq minutes. Maintenant, il
contemple les diverses couleurs composant l’œuvre de grande originalité
artistique dans l’immense assiette jaune que sa mère a posé devant lui. Il y a
là de quoi perturber un critique d’art post-contemporain, voire néo-post
moderne, tant le matiérisme de la rugueuse sauce dénote avec le classicisme du
vert des haricots reliés par des vermicelles et un réseau intégré de sojas
frais rappelant les entrailles d’un ordinateur, clin d’œil à la techno-art.
Une fois
ingurgités tous les éléments de l’œuvre gastro-plastique de son assiette, H
s’apprête à s’en aller. Il ne sait jamais comment quitter la maison de maman sans
froisser la femme qui est aussi sa maman. Alors il s’y prend à l’avance,
prépare le terrain, dès qu’il finit de manger il s’apprête à s’en aller pour ne
quitter la maison qu’une bonne heure plus tard. S’il avait essayé, plus
simplement, de s’en aller une heure plus tard, il aurait passé sereinement
cette heure sans s’angoisser à trouver les arguments à son départ et serait
parti tout de même. Mais il n’a jamais essayé.
Ce soir,
Florence, la mère de H., est aussi très
mal à l’aise. Elle ne sait comment dire à son fils ce qu’elle a à lui dire.
Elle connaît l’intérêt que cet enfant porte pour son propre passé, et a décidé
de lui dévoiler un mystère n’ayant que trop duré. De fait, elle pense que cette
obsession du passé matérialisé par ces listes sans fin est le fruit de ce
qu’eux, sa famille, lui ont caché. Comme un juste retour de kick, le passé
occulté réapparaît dans la névrose de H.. Elle regrette que le père de H. ne
soit pas présent pour affronter cette pénible révélation mais il en a toujours
était ainsi : impossible de responsabiliser un tant soit peu cet homme. Ha! Il
est là quand il s’agit de faire le pitre et des cadeaux, toujours présent pour
se faire aimer, jamais quand il y a du grabuge à l’horizon. Et maintenant la
voilà seule pour parler à son petit.
« Celle
que tu prends pour ta grand-mère, mère de ton père, Mamie, est en fait une
réfugiée roumaine, trouvée un soir dans le métro, qui partagea la couche de
papi. Elle n’est pas muette mais nous préférions qu’elle ne parle pas en ta
présence. » Lance t-elle d'un trait, « voilà, c'est dit » se
dit-elle.
H. se rend
compte doucement du mensonge dont il fut victime toute sa vie durant. La
révélation s’insinue par ses oreilles, se glisse jusqu’à un tréfonds de son
cerveau puis l’occupe dans son entier. Alors l’échine se glace, et une sueur
froide coule le long de son dos. Son regard hagard exprime une incompréhension
absolue, ballottant à droite, à gauche, jusqu’à ce qu'il se fixe sur la fenêtre
ouverte. Il court à elle, plie les genoux et se tend brusquement dans un saut
de l’ange parfaitement exécuté. Le crâne est le premier à atterrir, des
morceaux de cervelle jonchent la voie piétonne; la viande, lourdement étalé sur
le parapet, a, par le fait de l’écrasement, quintuplé la surface qu’elle
occupait de son vivant.
3.
Ce n’est pas
le corps de H. qui s’écrasa sur le sol. Lui fut rattrapé par les jambes au
seizième étage par un éditeur-dictateur qui lui offrit un verre de whisky
écossais vieilli en fût de chêne et lui promit des compensations à sa médiocre
vie, le convainquit malhonnêtement de ne pas replonger. Le corps dans le rue
est celui d’un banal déguisement de suicide d’un employé du quinzième étage
qui, à trop farfouiller dans les affaires de son chef, a découvert un trafic
d’influence impliquant la mairie de la ville et des hauts dignitaires
étatiques.
Résultat, H.
continue sa petite vie. Mais maintenant H. se méfie. Outre un parachute
toujours accroché sous son veston, il a une bombe lacrymogène, un couteau à
cran d’arrêt et un petit pistolet modèle allemand. Et il vit dans la crainte
constante de l’attentat aveugle. Il a aussi peur des jeunes qu’il croise dans
la rue que des vieux dans les escaliers. Il les sent menaçants, agressifs. Le
petit pistolet le rassure mais pas tout à fait.
H. n’est pas
idiot, il se rend bien compte que sa nouvelle peur est totalement
irrationnelle. Mais rien n’y fait. L’angoisse qu’il ressentit deux chapitre
plus tôt lors de sa disparition brusque et totale, ainsi que la frayeur du saut
dans le vide du chapitre précèdent, l’inquiètent en permanence. Il est
traumatisé.
Dans son musée, H. regarde les grandes salles et il a peur,
tout petit il se sent dans cet espace recevant des œuvres gigantesques. Et même
les peintures contemporaines exposés lui file le cafard. Il reste des heures à
les contempler néanmoins, et ses sentiments changent fréquemment en fait.
Devant ce Fricton il reste fasciné. Edouard de Fricton l’envoûte totalement, il
se laisse enfin emmener, se plonge dans la peinture.
C'est ainsi que nous pûmes discuter H. et moi. A l'intérieur
de la peinture de Fricton. H. entra dans l'œuvre et je le rejoignis dans l'idée
de le secouer un peu. J'arrivais un peu essoufflé mais les idées et les griefs
très clairement inscrits dans mon esprit. Et je pensais brandir une menace très
claire. S'il ne changeait pas d’attitude, ne se prenait pas un peu plus en
main, ne choisissait pas quelques amis amusants à décrire, une jeune fille aux
idées légères et aux résolutions bien fermes à aimer. Et bien, je
l’abandonnais.
Mais les choses ne furent pas aussi simples. D’abord l'œuvre
de Fricton perturba mes idées bien ordonnées qui s’embrouillèrent
immédiatement. Ajoutez à cela la nouveauté : je n'avais jamais fait d'incursion
dans le monde de mes personnages. Jugez de mon trouble.
Et, de faits, c'est H. qui se déchaîna. Il m'accabla,
m'injuria, me répudia presque.
D’après lui, à personne ne viendrait l’idée de faire un
personnage à partir de listes.
« Des listes ! » me cracha t-il à la figure
avec dédain.
Je restais effaré au milieu des couleurs criardes de Fricton.
Regardant ce H. me menacer d’un doigt vengeur. « Parlons-en du
doigt », dit-il, en me citant un petit paragraphe le concernant : « Un doigt tendu lors d’un embouteillage par
exemple. Ce doigt lui valut un passage aux urgences et deux jours de
convalescence » Mais pour qui vous prenez-vous ? M’envoyer
ainsi à l’hôpital, me fracasser la tête contre un pare-brise, et avec ça du
culot « il n'en garda que quelques cicatrices gnangnangnan »,
j'aimerais vous y voir Monsieur l’écrivain perché dans ces mots faciles.
Piqué au vif par son impertinence, je repris du poil de la
bête et : « H. vous êtes irrémédiablement mesquin, vous avez le frilosité
d'un petit bourgeois, attaché que vous êtes à un petit confort d'intérieur ennuyeux,
voyez! Lui lançai-je avec conviction, une petite aventure inattendue et vous
restez effaré, contemplant vos malheureuses petites cicatrices. Laissez-moi
vous dire que nous sommes bien loin d'un Jan Valtin ou d'un Papillon et eux, de
surcroît, vécurent ce qu’ils écrivirent, vous ne vous rendez pas compte à quoi
vous échappez mon ami ».
Il me traita de communiste et bien plus, d’anarchiste,
considérant que le décor n’avait ni queue ni tête, oubliant les valeurs de
stabilité, remarqua des fautes de temps, paraît-il que je passe allégrement du
passé au présent et inversement sans justification d’aucune sorte.
Puis il menaça de se plaindre à l'éditeur. Je pensais la
chose impossible. Mais il montrait une assurance qui me fit chanceler. Je lui promis
donc, dans les pages suivantes, une ascension sociale dont je n'aurais jamais
imaginé, quelques pages auparavant, qu’il eut voulu. Ainsi qu’une force de
caractère. Sur ce dernier point, il me montra tout son mépris, doutant de mes
capacités à pouvoir le munir d’un tel attrait avec quelque profondeur. Vexé, je
me promis aussi de lui offrir de graves défauts physiques, voire une longue et
douloureuse maladie. Mais je n’osais faire valoir ce genre de pression, de peur
de le voir exploser à nouveau, et je les gardais par devant moi.
Nous nous quittâmes mécontents l’un de l’autre, je trouvais
H. hautain et imbu de sa personne et lui ne m’appréciait visiblement pas non
plus.
Sortir de l'œuvre de mon ami Fricton fut plus complexe que
prévu. Edouard a la mauvaise habitude de mélanger les genres, et depuis qu’il
s’inspire des nouveaux peintres chinois, je suis souvent perdu. Je restais donc
plusieurs heures à tourner autours d’un incompréhensible signe que je finis par
reconnaître comme étant le signe chinois du sentiment amoureux peint avec une
technique impressionniste.
Et lorsque je sortis, H. était déjà rentré chez lui.
H. est
traumatisé.
De ce
traumatisme sont nés divers comportements qui lui sont totalement nouveaux. H.
se transforme.
Son quartier
n’est plus sûr. Lorsqu’il va dans la rue ce n’est plus jamais pour se balader,
prendre l’air. Maintenant il lui faut un endroit où aller, un but. Et, durant
le trajet, il ne pense qu’au lieu où il se dirige. Jamais il ne regarde les
passants, les personnes adossées aux murs, les autres attablés aux terrasses.
Elles sont toutes hostiles. Les regards inconnus le blessent. Il imagine des
milliers d’yeux braqués sur son dos, il se voûte et marche plus vite. Sinon, il
reste chez lui. Chez lui, il se sent bien, en sécurité.
A rester si
longtemps enfermé, il lui vient des idées étranges, du moins pour qui il fut.
Il pense à changer de quartier, à un appartement plus grand, à du confort qu’il
pourrait se payer en changeant de travail. D’ailleurs il ne se plait plus dans
les grandes salles du musée, il s’y sent tout petit et vulnérable. Il n’a
qu’une seule hâte : rentrer chez lui, en sécurité.
Il prend un
rendez vous avec la directrice du musée. Lorsqu’elle le reçoit, elle perçoit
immédiatement le changement. L’être nonchalant et robuste dans sa nonchalance
qu’elle a vu la dernière fois n’est plus. Il y a devant elle une personne frêle
et anxieuse. Cette personne lui demande un poste dans un bureau, elle insiste
sur le bureau, comme si le mot la rassurait.
Surprise mais
néanmoins intéressée par ce personnage capable d’une telle métamorphose, elle
l’écoute et finit par trouver ses arguments convaincants. Elle hésite à lui
rappeler que le poste qu’il demande maintenant est sensiblement le même qu’elle
lui proposa jadis; mais s’abstient, de peur que le petit H. ne se fêle et
s’évanouisse sur le tapis à la moindre ironie.
C’est ainsi
que la peur de H. fut à l’origine de sa carrière réussie dans le musée. Ses
idées de thèmes sont suivies à la lettre. L’agencement des peintres exposés est
sa spécialité. Tous admirent la manière subtile dont il arrive à mener le
visiteur d’un peintre à un autre, à créer une compréhension de l’art. H. manie
en virtuose les articulations des périodes de chaque artiste, il arrive à en
faire saisir le sens et l’évolution par le seul placement. Tout cela est
d’autant plus remarquable qu’il ne visite pratiquement jamais les salles du
musée.
Il voit les
peintures dans un atelier juxtaposant son bureau et choisit directement les
places. Il faut dire qu’il a tant parcouru des années durant les salles en
question, qu’il les a en mémoire. Les qualités professionnelles de H. sont tout
en nuances, elles restent inaperçues pour la grande majorité des visiteurs.
Seuls les professionnels sont à même d’apprécier son talent. Situation qui
flatte l’égo de H..
Son nouvel
appartement est à deux pas du musée. Spacieux, agréable et confortable, il est
le refuge idéal. A part quelques denrées achetées dans les épiceries et
boulangeries jalonnant son itinéraire du travail à chez lui, il fait ses
courses par commandes et livraisons. Les livreurs ont tendance à l’inquiéter
bien qu’ils aient tous des casquettes et uniformes à l’effigie du magasin
contacté. Il lui arrive d’appeler le gérant du magasin pour certifier
l’identité du coursier.
Dans cet
appartement, H. réserve un espace pour la confection de ses listes. Intuitant
des possibilités avec les nouvelles technologies, il s’est équipé en matériel
électronique. Plus besoin de copier les faits à chaque nouvelle rédaction, ils
restent mémorisés par l'ordinateur, suffit de faire un double click et une
nouvelle copie apparaît, auquel il ajoute ou change les données. Change
surtout, H. donne maintenant beaucoup d’importance aux petites frayeurs ayant
jalonné son maigre parcours. Les moindre manques de protection durant l'enfance
sont soulignés, pardon encadrés et surlignés par la couleur, l’ordinateur
permettant ce genre de fantaisie.
Même les
monstres de ses cinq ans se cachant sous le lit dans l'antique maison de ses
grands-parents reprennent corps sur les listes. Plus grave, les aspects les
plus rassurant de son enfance disparaissent au fil des listes. Ainsi Bertrand,
son ami Bertrand avec qui il avait affronté l’école et les monstres sous le lit
était peu à peu effacé ou omis dans ces situations. Là où ils étaient
auparavant deux enfants blottis l'un contre l'autre pour conjurer la terreur ne
restait que le petit H. dans un lit froid.
Bien entendu
cette inflexion dans ses listes convainc H. à se protéger plus encore si
possible.
C’en est trop
pour moi.
S’il y avait
une quelconque originalité sympathique dans le personnage lorsque nous le
rencontrâmes, soyons certain qu’elle a disparu. Sa peur constante et maladive,
ses succès professionnels et son appartement cossu en font un être tout à fait
ordinaire. Il ne reste plus qu’à préciser que H. ou Henry partage le temps
enfermé chez lui, entre remplir les formulaires de ses prochains impôts, et les
programmes télévisés qui le reposent de l’abrutissement du travail pour que
vous ne vouliez plus lire une ligne de plus à son propos.
Note de l’éditeur. Le texte sur H. se finit ici, le suicide
de son auteur rend toute suite impossible.
Nous avons néanmoins contacté H.. Nous lui proposâmes de
continuer à narrer ses propres aventures, il semblait intéressé jusqu’à ce que
nous avancions comme argument la possibilité de faire revivre, à travers les
mots qu’il emploierait, son défunt, regretté et néanmoins perturbé auteur. H.
nous renvoya immédiatement avec ces paroles agressives: « Que les vers le
bouffent, lui et sa mémoire ! »
P.S. Si vous souhaitez devenir écrivain, n’hésitez pas à me
contacter, j’ai peut-être un petit travail imaginatif à vous proposer.
4.
H. se réveille avec le sourire, il se dirige vers la douche
pendant que la cafetière programmée la veille lui prépare un délicieux nectar à
l'arôme enchanteur et matinal. Le jet puissant et chaud finit de le sortir des
rêves de la nuit. Devant la glace, il contemple cet homme dans la force de
l'âge, soigné et sûr de lui. Il décide de remettre ses ablutions à plus tard.
Auparavant, il prendra son petit déjeuner. Il choisit deux
oranges importées d'Israël, juteuses à souhait, qu’il presse sur un Rowenta
alliant efficacité et plaisir des formes. Le grille-pain métallisé, inox de
chez Essilor, envoie les tranches bien dorées au moment même où il finit la
petite opération. Il déguste son jus d'orange tout en tartinant le pain qui
absorbe délicatement le beurre allégé et néanmoins goûteux de Bridel, il hésite
un instant entre le miel et la confiture, tous deux de chez Bonne Maman, puis
choisit l'un et l'autre, chacun pour une tranche, il a l'esprit éclectique
aujourd'hui.
Finissant de manger, il descend jusqu’à sa boîte-aux-lettres
pour récupérer son journal, La Tribune.
Qu'il faille descendre chaque matin pour le journal avait été matière à
tensions avec la gérance de l'immeuble, car enfin ne pouvait on pas imaginer
une livraison à domicile. C'est ainsi que tourne ce pays, pas moyen de trouver
un livreur alors même que tous se plaignent de chômage. Enfin, ce n'est pas le
jour des tracasseries et H., beau joueur, remonta toujours le sourire aux
lèvres avec son quotidien préféré parce que le meilleur.
Les nouvelles ne sont pas fameuses, mais elles sont si
agréables avec le café que les quelques milliers de décédés violemment dans un
pays exotique ne choquèrent pas son optimisme. Et il reprend avec délectation
un autre bol de ce café Maxwell fumant venu d'un pays tout aussi exotique. Un
pays où peut être les jeunes filles aux regards noirs, aux lèvres rouges et
charnues, et aux cheveux ondulées, voueraient une attention particulière à ses
blondes mèches recouvrant les taches de son de son visage. Il aurait bientôt le
loisir de vérifier lors de ses prochaines vacances, cette année il s'était
décidé pour l'Amérique Latine (tour Nomad).
On y dansait le mambo et la salsa, et il avait pris quelque cours de ces danses
avec une femme tout à fait charmante qui lui avait donné l'idée de ce voyage en
le félicitant de ses capacités.
Mais le jour des vacances n'est pas encore arrivé. Et il va
se brosser les dents et laisserait les quelques poils de sa barbe d'hier tel
quel, c'était une fantaisie que son poste lui permettait. Tout comme arrivé une
bonne demi heure en retard.
A l'attention de l'éditeur
Monsieur,
Je vous écris aujourd'hui pour vous faire part d'une grande
inquiétude. J’avoue un certain malaise pour vous expliquer les causes de cette
inquiétude. En effet, c'est une inquiétude ambivalente, disons que je suis tout
à fait satisfait de la tournure qu’a pris ma vie, je me sens pleinement
réaliser professionnellement. Et vivre avec les moyens est nettement plus
agréable. C’est donc précisément afin de préserver ce mode de vie que je ne
voudrais pour rien au monde abandonné que je vous écris. Car enfin, si ce
nouvel auteur que vous m’avez trouvé est très gentil, et je lui suis
reconnaissant de mon nouveau confort, vous savez combien je souffrais avec son
trituré prédécesseur. Néanmoins, j'ai bien peur que la succession de lieux
communs et de formules frôlant le publicitaire n'agace le lecteur. Le lecteur
ne s'ennuiera t-il pas? Et dans ces conditions pourrez vous faire face ? N’est
ce pas ma propre existence qui serait remise en cause ?
H.
Réponse de l'éditeur.
Très cher H.,
je suis ému de cet intérêt que vous portez à notre petite entreprise. Mais ne
vous inquiétez pas. Je reconnais que le style de notre nouvel auteur laisse quelque
peu à désirer par manque d’originalité. Néanmoins, il vous assure une existence
et à moi des fonds dont j’ai bien besoin. Nous avons réussi à vendre des places
de publicité à l'intérieur de votre histoire. Je vous assure que nous pouvons
vous assurer un futur à votre existence, et du même coup à une bonne partie de
mes affaires. Ne craignez rien, vous êtes maintenant distribué dans des
feuilletons gratuits et nos bailleurs de fond sont très heureux.
Quelques jours plus tard
Monsieur,
Je tiens à vous signaler de graves distorsions entre ce qui
apparaît et ce qui est. Mon nouvel auteur signal une douche à jet fort et
chaud, cette douche crachote en fait de l'eau rouillée. Mon emploi si
étrangement décrit, sachez qu'il n'existe plus, je suis dans la longue file de
demandeurs d'emploi. Le fameux voyage en Amérique latine, sachez qu’il ne
comprenait pas l'hébergement et le nourriture, avec le peu d'argent qu’il me
restait j'ai dû passer trois semaines dans un hôtel borgne dans lequel j'ai
failli me faire égorger une trentaine de fois. Et pour ce qui est des jeunes
filles aux cheveux délicieusement ondulées, il s'agissait de vieilles prostituées
édentées.
Cela ne peut plus durer.
H.
Rapport confidentiel interne groupe éditorial Pyramide SA.
M. le directeur,
En qualité d’auteur-communicationnel du personnage H. ventant
la gamme de produits du groupe BB 2000, je vous envoie ce bref rapport afin que
vous soyez prévenu des graves difficultés rencontrées durant la campagne.
Au niveau communicationnel, nous avons réussi à sensibiliser
un secteur croissant de la population visée, et nous pouvons nous féliciter de
la campagne.
Néanmoins, des dysfonctionnements croissants se font sentir
dans notre outil de sensibilisation. Il s’agit ni plus ni moins, d’une grève de
notre personnage communicationnel. Pour des raisons esthétiques et sociales
tout à fait incongrues, le personnage sur lequel, je vous le rappelle, notre
consortium détient tous les droits, refuse d'utiliser les produits que nous sommes
sensés promouvoir. Jusqu’ici, les épisodes antérieurs ont pu paraître sans
difficulté majeur quoique avec une pression croissante de la partie adverse
ayant trouvé, semble t-il, un allié inattendu dans la personne de l’ancien
éditeur, aujourd’hui employé, de cette maison que nous avons racheté. Mais il
serait tout à fait néfaste aux produits
et à notre entreprise que le prochain numéro sorte si la situation devait
rester en l'état.
En effet, H. notre personnage phare, refuse de se doucher et
de s’alimenter. Il erre dans les locaux du musée, reconverti en galerie, dans
lesquels il n'a d'ailleurs plus rien à faire, ayant été licencié. Il crie des
obscénités à des clients potentiels qui, bien que fictifs, sont en mesure de
créer une généreuse bulle spéculative dans le monde de H., avec de très
probables répercussions hautement rentables sur la bulle occupant notre monde.
Néanmoins, aux dernières nouvelles, H. aurait mené une enquête sur la bulle
spéculative, et serait sur le point d’en révéler les résultats, ce qui
provoquerait inévitablement une crise des valeurs boursières du monde fictif,
avec des conséquences difficilement prévisibles sur notre bulle bien réelle.
Je vous fait donc part de ma plus vive inquiétude, et demande
une réunion du comité exécutif, dans les plus brefs délais, afin de définir les
options et les modalités d’action.
5.
H. casse tout, il défenestre sa télé et le réfrigérateur,
finies les conneries, pense t-il. Et puis il médite sur le monde, cette
économie nous mène droit au mur, il faudra bien convaincre ces hommes devenus
fous que la seule solution est dans une autre consommation, une décroissance
bien gérée, avec un retour du politique car l’homme est fondamentalement
politique. H. pense à tout cela en préparant son sac, il y place des
victuailles pour l’expédition, des carottes poussées sans engrais, des endives
croquantes et naturelles, un morceau de viande séchée par un procédé connu des
papous de Polynésie Orientales. Il ajoute des bâtons de dynamite manufacturée
selon les principes de la Nouvelle Economie de Décroissance Planifiée, c’est-à-dire
avec les méthodes chinoises du XIIème siècle.
Il n’oublie pas son bandeau vert bien serré autour de la
tête. Fin prêt, il descend les escaliers ignorant superbement l'ascenseur
nickelé. C’est d'un pas conquérant ce monde encore en construction que H. sort
dans la rue. Celle-ci est désespérément rétrograde, comme nous comprenons H.,
nous pleurons avec lui pour les oiseaux qui ne viennent plus se poser sur les
branches du pauvre platane charcuté par des scies électriques bruyantes et
assassines. Ces voitures, si seulement les conducteurs se rendaient compte un
instant du mal qu’ils font, ils tuent sans vergogne l’avenir, et assassinent
des hommes chaque jour par les gaz qui finissent avec la vie de centaines de
milliers d'innocents[1].
Mais ils continuent. H. sait à quoi s’en tenir, le pétrole
qui les fait bouger ils vont le voler chez des êtres humains, les exploitent et
les massacrent pour remplir leur saleté de réservoir. H. connaît l’égoïsme
caractéristique de cette société. Lorsqu’il finira avec ce qu’il à faire, il
cherchera un endroit dans le planète pas encore pollué par la bêtise et la
méchanceté, il a lu des choses intéressantes sur des communautés d'Amérique
centrale auxquelles il pourra apporter son savoir-faire... et apprendre, car il
y a beaucoup à apprendre des gens simples de l'Amérique du Sud qui ont subi
l'oppression pendant des siècles des colonisateurs, des européens assoiffés d’or
et de sang. H. veut échanger avec des êtres humains et non des monstres, même
si ce doit être le dernier instant de notre vieille planète, notre mère à tous.
C'est au milieu de toutes ces préoccupations qui devraient
tous nous préoccuper que H. arrive à la digue de Saint Cloud. Il sort son
casse-croûte biologique. Tout en mordant dans la juteuse carotte libre de tout
chimique, le pain de blés ramassés à la main et concassés par les pieds de
paysans syndiqués, il étudie la digue. Il sait où placer les charges. Lorsque
H. finira sa mission Paris sera sous les eaux, les voitures seront toutes hors
service, les moteurs noyés. Finis les magasins de luxe se riant de la misère du
monde, finis les guichets de banque mangeant ma Carte Bleue, finie l'injustice.
Rapport du groupe Pyramide S.A.
Comme vous vous en souvenez probablement, suite à notre
réunion du conseil de direction, nous avons décidé d'abandonner le projet
promotionnel usant de la figure de H. comme outil multi-communicationnel à des
fins publicitaires. Malheureusement, notre personnage a été piraté peu après,
par un homme apparemment déséquilibré. Ce singulier a repris le personnage et l’a
diffusé par des feuillets A4, nous estimons à soixante-dix milles exemplaires
distribués à ce jour. C’est-à-dire que nous avons dépassé le seuil au-delà
duquel la réalité de H. a une incidence sur la notre. Le personnage s’étant
reconverti dans un terrorisme écologique, nous avons de sérieuses craintes pour
l’avenir. Nous avons entrepris des procédures légales à l'encontre du voleur,
néanmoins le mal est fait et nous avons de sérieux soucis pour endiguer les
élucubrations du dernier H.
D’autres entreprises ont profité de la confusion pour nous
attaquer, nous responsabilisant pour les actes de H.
Plus grave, nous assistons à une multiplication de H., le
premier feuillet ayant donné des idées à d’autres, et nous ne comptons plus les
multiples existences sur la toile internet. Ainsi H. s’est retrouvé dans les
commandos suicides islamistes des tours jumelles de New York, garde-côte à Miami,
alpiniste sur les cimes de l'Himalaya, drogué dans les rues de Bogota, occupant
une terre au Brésil, CRS à Paris, et tout cela durant les quarante huit
dernières heures.
Nous n’avons pas encore réussi à établir l'incidence sur la
gamme de produits dont nous sommes en charge de la promotion, mais il est à
craindre que le bilan soit négatif, puisque certains H. ont garder le produit
sur eux et participent à des actes terroristes, l’image pourrait fortement s'en
ressentir.
Pour ajouter à la confusion, un nombre encore non défini de
H. se sont réuni devant le siège social de notre entreprise, réclamant les
droits de création de leur propre personnage. Certains d'entre eux, ayant obtenus
des fortunes considérables durant leurs développements incontrôlés, seraient en
mesure de racheter l'entreprise si nous n'accédions pas à leurs revendications.
Il en existe déjà ayant lancé une OPA agressive contre Pyramide S.A, pour l’instant
heureusement cantonné à son monde. Mais les manifestations au bas de l'étage
laisse présager des incidences bien plus grandes.
Je vous rappelle qu'il est question de minutes.
De la présidence de Pyramide SA
Ne vous inquiétez pas, et laissez faire, tout est sous contrôle
c’est nous qui avons lancé une OPA sur tout ce qui bouge.
H.
Président Directeur Général.
Paris, novembre 2005
Johan Sébastien
[1] 25% des cancers développés
au niveau des paumons, sont dû à la pollution. 2, 3 % sont le fait de crises
cardiaques dû aux bruits, selon une étude de La BDBES, dans son rapport annuel.
C'est-à-dire qu'il y a une croissance de 2.1 point par rapport à l'année fiscale
précédente. En continuant ce rythme d'accélération, nous aurions une saturation
dépassant les normes internationales de 26 points d'ici 5 ans selon les experts
de la BIDET.
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